Fiche renseignements
Maîtrise d’Ouvrage :
Commune d’Auxerre
Missions :
Mission d’Urbanisme 2003 :
– Analyse urbaine paysagère et environnementale
– Définition des objectifs d’aménagements et programmation
– Faisabilité
– Conception urbaine, paysagère et environnementale
– Cahiers des prescriptions urbaines, architecturales, paysagères et environnementales pour les secteurs bâtis
– Dossier ANRUMarché de maîtrise d’œuvre pour les espaces publics 2004-2014 :
– Loi M.O.P.
– Coordination pour les espaces extérieurs des secteurs bâtisConstructions :
– 240 logements locatifs
– 66 logements en accession libre
– 1 Maison de Quartier
Démolitions :
– 147 logementsPérimètre opérationnel : 23 ha
Surface des secteurs bâtis : 7,2 ha
Surface des espaces publics (voirie, espaces verts, étang, etc....) : 7,2 haMontant des travaux des espaces publics : 11,60 M€ T.T.C.
Montant total de l’opération : 50 M€
Investissements soutenus par l’ANRU : 45,6 M€
(Commune, Conseil Général, Conseil Régional, Bailleur, ANRU)
Equipe de maîtrise d’œuvre :
– Serge Renaudie, mandataire
– Andrea Mueller, architecte
– S.E.T.U., Bureau d’études V.R.D.
– Composante Urbaine, hydrologue
– ECMO, bureau d’étude chantier
Les caractéristiques du site des Brichères, ses pentes, la présence de l’eau, l’existence de massifs arborés et de jardins familiaux ont nourri les principes d’aménagement pour l’installation d’un nouveau quartier à Auxerre. La végétation, l’eau et le terrain naturel constituent les éléments structurants de cette nouvelle implantation urbaine respectueuse de son environnement.
Principes d’aménagements :
– récupération de toutes les eaux pluviales en fossés,
– réduction des terrassements au minimum nécessaire,
– restitution d’un ruisseau disparu et la création d’un étang,
– renforcement des bois existants et des jardins complétés de vergers,
– conservation d’un vaste espace libre traité en prairie au centre du quartier dans le talweg,
– utilisation des sentiers existants pour le tracé des voiries
– habitat de type intermédiaire entre la maison individuelle et le petit collectif, accompagné de jardins privatifs
– récupération des eaux pluviales en aérien dans les parcelles bâties.
Retrouver « l’esprit du cantonnier », qui ne disposait que de la pierre, de l’eau, du bois pour concevoir les aménagements même quand ceux-ci nécessitaient des calculs et des dessins précis. Retrouver l’évidence et la simplicité.
Premiers principes du projet
Notre premier souci consista, comme cela se doit, à examiner le contexte du site : sa morphologie, ses pentes, son talweg, les plateaux, le tracé des chemins, les arbres et les diverses plantes….
Dès les premiers rayons de soleil du printemps, les jardins familiaux ou privés qui occupent les pentes se remplissent de gens dans des cabanes plus ou moins aménagées. Le site, qui n’était pas encore la ville, n’était déjà plus vraiment la campagne.
Dès la première visite, la présence de l’eau s’impose par l’humidité importante des sols et des fossés restant en eau même l’été.
Un document datant de 1882 nous informa qu’une source, dite de Sainte Geneviève, avait alimenté, depuis 1669, Auxerre en eau potable. La construction de 4 bâtiments dans les années 70 avait détruit la canalisation devenue obsolète sans que les eaux aient été redirigées. Les habitants des maisons individuelles en aval de cette source témoignaient de résurgences et d’inondations lors de gros orages. Ils nous montrèrent qu’il suffisait de creuser 50 cm pour trouver de l’eau, et ceci en amont de la colline comme en aval. En plein été, le fossé qui collectait les eaux en aval de l’ancienne voie ferrée était toujours bien rempli, indiquant ainsi qu’il drainait des eaux qui n’étaient pas que pluviales. Le sol calcaire produisant sa propre argile de décomposition, il fut aisé de concevoir que la source se perdait dans les couches de cette argile et resurgissait au gré des percées sans retrouver le talweg où j’imaginais qu’elle avait été un ruisseau.
Ce vallon dont les pentes avaient certainement perdu, avec les siècles, de leur déclivité, conservait, des restes d’une ancienne forêt. Des bosquets de chênes et de hêtres, bien droits, continuaient à s’imposer dans le paysage.
Les jardins et quelques champs qui occupaient le site avaient contraint le passage de l’eau à un unique fossé profond, souvent busé, et toujours plein.
Ce talweg, avec ses deux chênaies, était presque trop « beau » pour y construire. Comment faire alors pour le préserver, voire même le mettre en valeur, tout en y construisant ?
A partir de ces premiers constats, je proposais au maire, Guy Ferez, et au Directeur de l’Urbanisme, Pierre Guilbaud, de ne décider de l’emplacement des zones de constructibilité qu’en fonction des zones de non-constructibilité et de ne donner le nombre de logements pouvant être construits qu’après avoir composé l’espace non-construit. Ils acceptèrent.
Les premiers principes, élaborés à partir de l’observation du site, permettaient d’asseoir le nouveau quartier autour d’un « vide » qui en constituerait le centre, un vide non-construit mais plein des activités et des relations que les hommes, les plantes et les animaux construiraient. Le centre de ce nouveau quartier serait donc formé de vastes espaces naturels organisés autour des pentes du talweg.
Cette notion de « vide » comme condensateur et fédérateur des énergies issues des habitants et de la nature, ouvrait de nouveaux horizons à l’idée d’urbaniser. Il ne s’agissait plus de venir bétonner sur un site champêtre mais de valoriser ce site que les jardins avaient rendus mono-fonctionnel, en redéveloppant une diversité biologique.
Le débat sur la densité qui risque toujours d’opposer les tenants de la maison individuelle aux opposant de l’étalement urbain a été écarté au profit d’une réflexion commune sur le cadre dans lequel cette urbanisation s’installerait. Dès lors qu’il était admis que les espaces naturels prendraient une surface importante, les surfaces à construire ne pouvaient plus accueillir un lotissement. Notre proposition de développer un habitat de type intermédiaire fut donc retenue par le Maire et le bailleur.
Ces espaces constituent un ensemble continu, structuré par les arbres et l’eau.
C’est donc bien le « vide » qui organise le plan masse jusque dans l’habitat lui-même puisque celui-ci est conçu avec de nombreux jardins et terrasses. Du fait de la présence de ce « vide », la végétation est extrêmement présente et de manière très différenciée depuis les jardins privés des logements jusqu’aux grands espaces de ce qui constitue comme un grand parc libre.
Ce « vide » comme principe structurant permet au projet urbain de s’organiser autour de la continuité et de la diversité des espaces non-bâtis comme bâtis.